Depuis plus de 175 ans, les compagnies d’assurance mutuelle font partie intégrante du paysage de l’assurance au Canada. Ces organisations uniques, où les assure.e.s sont également propriétaires, ont offert aux Canadien.ne.s une alternative distincte aux compagnies d’assurance traditionnelles détenues par des actionnaires. En tant que porte-parole national de confiance du secteur canadien de l’assurance mutuelle, nous comprenons de première main à la fois les forces du modèle mutuel et les défis importants auxquels il est confronté aujourd’hui.
Le secteur de l’assurance mutuelle au Canada représente environ 13 % du marché de l’assurance des dommages, avec des sociétés gérant environ 53 milliards de dollars de primes. Malgré cette présence substantielle, les assureurs mutuels sont confrontés à des défis uniques qui mettent à l’épreuve leur capacité à rester compétitifs et pertinents dans le paysage financier actuel qui évolue rapidement.
Pour comprendre les défis auxquels l’assurance mutuelle est confrontée aujourd’hui, nous devons d’abord apprécier ses fondements historiques. La majorité des compagnies d’assurance mutuelles agricole canadiennes ont été créées il y a 100 à 150 ans, principalement en réponse au manque d’intérêt des compagnies d’assurance étrangères pour la couverture des exploitations agricoles canadiennes.
Ces premières mutuelles d’assurance ont été créées par les communautés pour les communautés. Les agriculteurs se sont regroupés pour partager les risques, créant ainsi des structures détenues par les membres, où les assure.e.s élisaient des conseils d’administration chargés de gérer les opérations et d’affecter les bénéfices à la croissance des excédents, au remboursement des primes et à l’investissement dans les communautés.
Ce fondement historique a donné naissance à des entreprises profondément enracinées dans leurs communautés et dont les clients sont très fidèles. Cependant, ce même héritage présente aujourd’hui des défis pour ces organisations qui doivent faire face aux exigences du marché moderne.
Les assureurs mutuels fonctionnent selon un modèle de gouvernance unique, dans lequel les assure.e.s sont les propriétaires. Bien que cette structure garantisse l’alignement des intérêts de l’entreprise sur les besoins des clients, elle peut parfois compliquer la prise de décision rapide et l’adaptation aux évolutions du marché.
Contrairement aux entreprises détenues par des actionnaires qui peuvent lever des capitaux par l’émission d’actions, les mutuelles doivent compter sur les bénéfices non distribués pour assurer leur croissance et leur innovation. Cette limitation peut ralentir les initiatives stratégiques, en particulier face à des concurrents plus grands et plus agiles qui ont facilement accès aux marchés financiers.
Le changement climatique représente peut-être le défi le plus important auquel sont confrontés tous les assureurs aujourd’hui, mais les assureurs mutuels sont confrontés à des désavantages distincts lorsqu’il s’agit de faire face à ces risques croissants.
Les phénomènes météorologiques extrêmes provoqués par le changement climatique sont devenus le principal facteur de perturbation pour les assureurs canadiens. Les pertes assurées ont atteint des niveaux sans précédent, les dernières années ayant été marquées par des milliards de dollars de sinistres liés aux incendies de forêt, aux inondations et aux tempêtes de grêle. Ces événements catastrophiques exercent une pression énorme sur les assureurs mutuels, dont beaucoup ont de fortes concentrations régionales qui limitent leur capacité à répartir les risques géographiquement.
Evan Johnston, PDG de Wawanesa, a souligné la nécessité d’une prévention proactive et de l’exploitation des données pour optimiser la tarification et atténuer les risques. Cependant, de nombreux petits assureurs mutuels n’ont pas l’envergure nécessaire pour déployer des analyses avancées de manière indépendante, ce qui les désavantage par rapport aux grands assureurs nationaux.
La réassurance — l’assurance pour les compagnies d’assurance — est essentielle à la gestion des risques catastrophiques. Farm Mutual Re joue un rôle important auprès des membres de l’ACCAM. Cependant, les réassureurs étrangers sont confrontés à des exigences de garantie croissantes en vertu des cadres réglementaires proposés, ce qui menace de réduire la capacité et d’augmenter les coûts.
Cette situation a un impact disproportionné sur les petites mutuelles d’assurance qui dépendent fortement des partenariats de réassurance pour gérer les risques catastrophiques. Sans réassurance abordable, de nombreuses mutuelles sont confrontées à des choix difficiles : augmenter considérablement les primes, réduire la couverture ou accepter des niveaux de risque potentiellement insoutenables.
L’environnement réglementaire présente un autre niveau de défis pour les assureurs mutuels au Canada, avec plusieurs questions clés au premier plan.
Les débats sur la transformation des compagnies d’assurance mutuelle en sociétés par actions refont périodiquement surface, comme en témoignent les pressions exercées par certains assureurs en faveur de la démutualisation. Ces initiatives soulèvent des questions fondamentales sur l’objectif et les principes de l’assurance mutuelle.
En tant que porte-parole du secteur canadien de l’assurance mutuelle, l’ACCAM a toujours soutenu que l’excédent accumulé par des générations de titulaires de polices appartient au bien collectif, et non pas seulement aux titulaires de polices actuels. Les règlements fédéraux proposés qui pourraient permettre des conversions sans l’approbation d’une supermajorité pourraient potentiellement éroder les principes de la mutualité qui sont au cœur de l’identité de l’industrie.
Les assureurs canadiens sont confrontés à un environnement réglementaire de plus en plus complexe. Pour les assureurs mutuels, en particulier les plus petits dont les ressources sont limitées, la mise en conformité peut être particulièrement lourde. Chaque dollar consacré à la conformité réglementaire est un dollar qui n’est pas investi dans l’innovation, le service à la clientèle ou le soutien à la communauté - des facteurs clés de différenciation pour les assureurs mutuels.
Le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) et les organismes de réglementation provinciaux continuent de renforcer les exigences en matière d’adéquation des fonds propres, de gestion des risques et de gouvernance. Bien que ces mesures visent à protéger les consommateurs et à garantir la stabilité du marché, elles peuvent involontairement désavantager les petits assureurs mutuels qui n’ont pas les économies d’échelle des grands concurrents.
Le marché de l’assurance est aujourd’hui plus compétitif que jamais, avec l’arrivée de nouveaux acteurs, l’évolution des attentes des consommateurs et les bouleversements technologiques qui remodèlent le paysage.
Les consommateurs/trices modernes attendent des expériences numériques fluides, du devis à la demande d’indemnisation. De nombreux assureurs mutuels sont aux prises avec des systèmes hérités qui entravent l’automatisation et l’adoption de l’intelligence artificielle (IA), qui sont essentielles pour la détection des fraudes et le traitement efficace des sinistres.
Les expert.e.s du secteur ont identifié la modernisation du backend comme une priorité absolue nécessitant des investissements importants. Pour les assureurs mutuels qui n’ont pas accès à des capitaux externes, le financement de ces transformations technologiques peut s’avérer difficile, entraînant potentiellement un écart de compétitivité croissant par rapport aux concurrents détenus par des actionnaires.
Le secteur de l’assurance est généralement confronté à des défis pour attirer et retenir les talents, en particulier dans des domaines spécialisés comme la science actuarielle, l’analyse des données et la transformation numérique. Les assureurs mutuels, en particulier ceux des zones rurales d’où beaucoup sont originaires, peuvent être confrontés à des défis supplémentaires pour attirer des talents spécialisés face à des concurrents basés dans les villes ou à des perturbateurs de la fintech avec des cultures de travail et des programmes de rémunération attrayants.
Malgré ces défis importants, les assureurs mutuels disposent d’atouts uniques qu’ils peuvent mettre à profit pour conserver leur pertinence et leur compétitivité sur le marché canadien.
La collaboration offre aux assureurs mutuels un moyen de surmonter les limites d’échelle. En mettant en commun leurs ressources pour les investissements technologiques, la recherche et le développement des talents, les assureurs mutuels peuvent réaliser collectivement ce qui serait impossible individuellement.
Des organisations, comme l’ACCAM, facilitent ces efforts de collaboration, en aidant les membres à partager les meilleures pratiques, à développer des initiatives conjointes et à parler d’une seule voix sur les questions de réglementation. Ces partenariats s’étendent au-delà de la communauté des assureurs mutuels pour inclure d’autres associations, des institutions de recherche, des fournisseurs de technologie et des agences du secteur public, entre autres.
Le modèle de l’assurance mutuelle offre des avantages distincts qui trouvent un écho auprès de nombreux consommateurs, en particulier ceux qui s’intéressent à la responsabilité sociale, à l’investissement dans la communauté et aux relations à long terme. En mettant l’accent sur ces différences dans le marketing et la communication avec les clients, les assureurs mutuels peuvent attirer et fidéliser les clients qui partagent ces valeurs.
Certains assureurs mutuels rencontrent le succès avec des initiatives de microassurance et d’inclusion financière. Ces programmes, qui fournissent des produits d’assurance accessibles aux populations mal desservies, s’alignent parfaitement sur le principe mutuel qui consiste à répondre aux besoins de la communauté plutôt qu’à maximiser les bénéfices des actionnaires.
Pour que l’assurance mutuelle prospère dans le paysage concurrentiel du Canada, plusieurs stratégies clés doivent être poursuivies simultanément.
Il est essentiel de continuer à plaider en faveur d’une réglementation proportionnelle qui reconnaisse les caractéristiques et les contraintes uniques des assureurs mutuels. En travaillant par l’intermédiaire d’associations professionnelles comme l’ACCAM, les assureurs mutuels peuvent s’assurer que leur voix est entendue dans les discussions sur les politiques qui ont une incidence sur leurs activités et leur viabilité.
Les domaines spécifiques de défense comprennent la création de bacs à sable réglementaires pour encourager l’innovation, l’élaboration d’exigences de capital plus souples qui reconnaissent la stabilité du modèle mutuel et la garantie que tout cadre de démutualisation protège les intérêts collectifs de tous les titulaires de polices.
Plutôt que d’essayer d’égaler les capacités technologiques des plus grands assureurs dans tous les domaines, les assureurs mutuels peuvent procéder à une modernisation stratégique axée sur leurs principaux atouts et les besoins de leurs clients.
Cela pourrait impliquer le développement de capacités numériques spécialisées dans des marchés de niche où les assureurs mutuels ont une expertise approfondie, l’adoption de plateformes en nuage avec une tarification basée sur l’utilisation pour réduire les besoins en capitaux initiaux, ou le partenariat avec des entreprises d’insurtech qui peuvent fournir des capacités de pointe sans avoir besoin de les construire en interne.
Compte tenu de leurs racines communautaires et de leur perspective à long terme, les assureurs mutuels sont bien placés pour prendre la tête des initiatives de résilience climatique. Cela va au-delà d’un simple ajustement des primes ou d’une limitation de la couverture dans les zones à haut risque.
Les assureurs mutuels peuvent s'associer aux collectivités locales, aux entreprises et aux organisations communautaires pour élaborer et mettre en œuvre des stratégies d'adaptation qui réduisent les risques climatiques. Il peut s'agir de soutenir l'amélioration des codes de construction, d'investir dans des infrastructures naturelles telles que les zones humides qui réduisent les risques d'inondation, ou d'inciter les assure.e.s à adopter des pratiques de construction résilientes.
En participant activement à Un Canada résistant au climat et à des groupes similaires, les assureurs mutuels démontrent leur engagement à relever ces défis de manière proactive tout en protégeant leur viabilité financière.
L’exploration de mécanismes alternatifs de transfert de risques, tels que les produits d’assurance paramétrique ou les obligations catastrophes, peut aider les assureurs mutuels à gérer les risques climatiques croissants sans dépendre uniquement des marchés de réassurance traditionnels. Ces approches innovantes peuvent fournir une protection financière contre des événements spécifiques basés sur des paramètres prédéfinis, offrant une couverture plus prévisible à la fois pour les assureurs et les assuré.e.s.
Les défis auxquels sont confrontée l’assurance mutuelle au Canada sont importants, mais pas insurmontables. Pour réussir, il faut trouver un juste équilibre entre la préservation des valeurs mutuelles et des principes de gouvernance et la nécessité de s’adapter à l’évolution des conditions du marché.
Les assureurs mutuels évoluent dans un environnement complexe où ils doivent préserver leur héritage tout en s’adaptant aux réalités climatiques et en innovant de manière rentable. La clé réside dans l’équilibre entre le plaidoyer pour des partenariats public-privé plus forts sur la résilience aux catastrophes, les réformes garantissant des cadres de démutualisation équitables et l’accélération de la numérisation par le biais d’alliances intersectorielles.
Depuis plus de 175 ans, l’assurance mutuelle joue un rôle crucial dans le paysage financier du Canada. Ce qui a commencé comme un mouvement populaire parmi les communautés agricoles a évolué en une industrie robuste qui continue à servir des millions de Canadien.ne.s aujourd’hui. Ce modèle d’assurance unique, fondé sur la propriété communautaire et le partage des risques, a résisté à l’épreuve du temps tout en restant fidèle à ses principes fondamentaux.
L’histoire de l’assurance mutuelle au Canada commence au début du XIXe siècle. À cette époque, le Canada est une société essentiellement rurale et agricole, et les agriculteurs devaient relever des défis importants pour protéger leurs moyens de subsistance contre des risques tels que les incendies et d’autres catastrophes. Les compagnies d’assurance étrangères ne s’intéressaient guère à la couverture de ces communautés agricoles, estimant qu’elles présentaient des risques élevés et n’étaient pas rentables.
Face à ce manque de couverture, les agriculteurs ont commencé à s’organiser en associations de protection mutuelle. Les fondements législatifs de ces premiers assureurs mutuels ont été posés en 1836, lorsque le Haut-Canada a adopté des lois autorisant la création d’une société d’assurance mutuelle agricole dans chacun de ses 20 districts.
Gore Mutual Insurance Company, fondée en 1839, a la particularité d’être le plus ancien assureur de dommages du Canada. Connue à l’origine sous le nom de Gore District Mutual Fire Insurance Company, elle a été créée pour répondre aux besoins des agriculteurs du district de Gore, dans le Haut-Canada (qui fait aujourd’hui partie de l’Ontario). Les agents de Gore Mutual se déplaçaient à cheval pour atteindre les clients ruraux, démontrant ainsi l’approche communautaire qui définissait les premiers assureurs mutuels.
Les années 1850 marquent un tournant important pour l’assurance mutuelle au Canada lorsque la législation est modifiée pour permettre la création d’un plus grand nombre de sociétés d’assurance mutuelle agricole. Cela conduit à la création de 57 sociétés dans le seul Haut-Canada, marquant ainsi les bases d’un mouvement national.
Le développement de l’assurance mutuelle s’est déroulé selon des calendriers différents d’un bout à l’autre du pays :
Au Bas-Canada (Québec), le mouvement débute en 1852 lorsque les agriculteurs mettent en commun leurs ressources pour protéger mutuellement leurs propriétés. Cette initiative a conduit à la création de centaines de sociétés d’assurance mutuelle dans toute la région, dont beaucoup se sont ensuite regroupées pour former des entités plus importantes comme Promutuel Assurance.
Dans les années 1880, l’ouest du Canada voit l’émergence de sociétés d’assurance mutuelle, parallèlement à l’essor de l’agriculture et au développement des communautés rurales. Le Manitoba et la Saskatchewan sont devenus des centres particulièrement importants pour l’assurance mutuelle, avec des compagnies qui continuent d’opérer aujourd’hui.
L’est du Canada a rejoint le mouvement lorsque la première société d’assurance mutuelle a été créée sur l’Île-du-Prince-Édouard en 1885. La Nouvelle-Écosse a suivi en 1904 et le Nouveau-Brunswick en 1937, tous répondant au même besoin fondamental d’une assurance abordable et fiable dans les communautés rurales.
À leurs débuts, les sociétés d’assurance mutuelle fonctionnaient avec des réserves financières très limitées. Pour assurer leur stabilité, elles ont mis en place ce que l’on a appelé le « système de billet de prime ». Cette approche innovante consistait à demander à chaque assuré de signer un billet à ordre d’un montant correspondant à sa prime.
Si une compagnie rencontrait des difficultés financières, elle pouvait demander aux assurés de payer une partie ou la totalité de leurs billets. Ce système a créé un filet de sécurité qui a aidé les assureurs mutuels à maintenir leur solvabilité pendant les périodes difficiles. Fait remarquable, les archives historiques montrent que les sociétés ont rarement eu besoin de recouvrer ces billets, ce qui prouve l’efficacité du modèle mutuel, même à ses débuts.
Au fur et à mesure que les sociétés d’assurance mutuelle ont accumulé des excédents, elles ont été en mesure de supprimer progressivement le système des notes de prime. Aujourd’hui, la solidité financière de ces organisations se reflète dans leurs solides capitaux propres, qui dépassent souvent ceux des sociétés d’assurance par actions par rapport au volume des primes.
Au fur et à mesure que les sociétés d’assurance mutuelle gagnaient en nombre et en importance, la nécessité d’une représentation collective et d’un partage des ressources est devenue évidente. C’est ainsi que naissent diverses associations régionales et nationales qui joueront un rôle crucial dans la défense du secteur de l’assurance mutuelle.
Un des premiers exemples est la « Purely Mutual Underwriters Association », créée en Ontario en 1882. Cette organisation a ensuite évolué pour devenir l’Ontario Mutual Insurance Association (OMIA), qui continue aujourd’hui encore à soutenir les assureurs mutuels de l’Ontario.
Au niveau national, l’Association canadienne des compagnies d’assurance mutuelle (ACCAM) a été officiellement créée le 22 mars 1981, avec Ed Pellow de South Easthope Mutual comme premier président. L’ACCAM est née d’une réunion tenue à Ottawa le 26 novembre 1980, au cours de laquelle les dirigeants de l’industrie se sont réunis pour évaluer la nécessité d’une association nationale.
Ces associations ont permis aux assureurs mutuels de s’exprimer collectivement sur les questions réglementaires et législatives, tout en facilitant le partage des connaissances et le développement professionnel au sein de l’industrie.
Si l’assurance de biens et de dommages a constitué l’épine dorsale du premier secteur de l’assurance mutuelle au Canada, l’assurance vie mutuelle occupe également une place importante dans l’histoire du pays.
La Mutual Life Assurance Company of Canada, fondée en 1868 sous le nom d’Ontario Mutual Life Assurance Company, a été un pionnier dans ce secteur. Basée à Waterloo, en Ontario, elle fonctionnait selon le principe de la mutualité : les assurés étaient propriétaires de la société et partageaient ses bénéfices.
Après plus de 130 ans d’activité en tant que société mutuelle, elle s’est démutualisée en 1999, devenant Clarica Life Insurance Company, qui a ensuite été rachetée par la Financière Sun Life en 2002. Cette transition reflète une tendance plus large à la démutualisation qui a touché plusieurs grandes compagnies d’assurance canadiennes à la fin du XXe siècle.
Ce qui distingue les sociétés d’assurance mutuelle de leurs homologues par actions, c’est leur structure de propriété. Les assureurs mutuels sont détenus par leurs assuré.e.s, qui sont des membres, plutôt que par des actionnaires, ce qui crée un modèle d’entreprise fondamentalement différent avec des avantages et des caractéristiques uniques.
Dans une société d’assurance mutuelle, les assuré.e.s (membres) se voient accorder des droits de vote, ce qui leur permet de participer à la gouvernance de la société en élisant les membres du conseil d’administration, en approuvant les règlements et en guidant l’orientation générale de l’organisation. Cette structure démocratique garantit que les intérêts des utilisateurs/trices des services d’assurance sont directement représentés dans le processus décisionnel de la société.
Les bénéfices générés par les assureurs mutuels sont gérés différemment des sociétés par actions. Plutôt que d’être distribués aux actionnaires externes, les bénéfices sont généralement:
Cette approche est conforme à l’éthique communautaire qui définit l’assurance mutuelle depuis sa création. Comme l’explique l’ACCAM, « l’assurance mutuelle est un modèle commercial éprouvé qui se comporte comme une entreprise sociale… parce que les personnes qui utilisent l’assurance mutuelle la gouvernent également ».
Tout au long de leur histoire, les assureurs mutuels canadiens ont souvent ouvert la voie à d’importantes innovations sectorielles et au progrès social.
Par exemple, Co-operators, fondée en 1945 par un groupe d’organisations agricoles, a été l’un des premiers assureurs canadiens à supprimer les questions raciales des propositions d’assurance automobile. Elle a également été la première à proposer une couverture pour les automobilistes sous-assuré.e.s en Ontario, démontrant ainsi la capacité du secteur à évoluer de manière progressive.
De nombreux assureurs mutuels ont également été les premiers à adopter la technologie, reconnaissant son potentiel pour améliorer la prestation de services tout en maintenant la touche personnelle qui définit l’approche mutuelle. Cet équilibre entre innovation et tradition a été la marque de fabrique des sociétés mutuelles prospères tout au long de l’histoire du Canada.
Le secteur de l’assurance mutuelle a été confronté à de nombreux défis tout au long de son histoire, qu’il s’agisse de dépressions économiques, de guerres mondiales, d’environnements réglementaires changeants ou de l’évolution des attentes des consommateurs. La capacité à s’adapter tout en restant fidèle à ses principes fondamentaux a été cruciale pour la longévité du secteur.
Les pressions en faveur de la démutualisation ont constitué un défi de taille. L’ACCAM s’est toujours opposée à ces efforts de démutualisation, arguant qu’ils compromettent les avantages à long terme que les assureurs mutuels procurent aux assurés et aux collectivités. Cette position reflète l’engagement de l’organisation à préserver le modèle mutuel en tant qu’alternative distincte et précieuse dans le paysage de l’assurance au Canada.
Aujourd’hui, l’assurance mutuelle reste un élément essentiel du secteur des services financiers au Canada. Selon le Canadian Underwriter, les sociétés d’assurance mutuelle sont au service de millions de Canadien.ne.s, avec une présence particulièrement forte dans les communautés rurales et agricoles où leurs racines sont les plus profondes.
Le secteur moderne de l’assurance mutuelle au Canada se caractérise par plusieurs éléments clés :
Une situation financière solide : De nombreux assureurs mutuels maintiennent des ratios d’excédent plus élevés que leurs homologues à capital-actions, offrant ainsi une meilleure sécurité financière aux assurés.
L’accent mis sur la communauté : Les sociétés mutuelles continuent de mettre l’accent sur le service local et l’engagement communautaire, en maintenant souvent des succursales dans les petites villes et les zones rurales qui pourraient être mal desservies par les grands assureurs.
Leadership environnemental : Les assureurs mutuels ont commencé à jouer un rôle de premier plan dans la gestion des risques liés au changement climatique et dans la promotion de la durabilité, reconnaissant l’importance à long terme de ces questions pour leurs assurés et leurs communautés.
Transformation numérique : Tout en préservant leur approche personnelle, les assureurs mutuels adoptent les technologies numériques pour améliorer l’expérience client et l’efficacité opérationnelle.
Les sociétés d’assurance mutuelle du Canada présentent une répartition régionale distincte qui reflète leur évolution historique. Parmi les membres de l’ACCAM, 7 compagnies sont situées dans l’est du Canada, 15 ont leur siège social au Québec, 37 opèrent à partir de l’Ontario et 8 sont établies dans l’ouest du Canada.
De nombreux assureurs mutuels ont développé une expertise spécialisée dans des domaines particuliers. Par exemple, les mutuelles agricoles continuent d’offrir une couverture agricole spécialisée qui s’appuie sur des générations d’expérience dans ce secteur. D’autres ont développé des niches dans des domaines tels que l’assurance commerciale pour les petites entreprises ou la couverture spécialisées des particuliers.
Pour l’avenir, le secteur de l’assurance mutuelle est confronté à la fois à des opportunités et à des défis. Les risques émergents tels que les cybermenaces, le changement climatique et les évolutions démographiques nécessitent une adaptation et une innovation continues. En même temps, les risques peuvent être perçus comme des occasions et des signes d’un intérêt renouvelé pour le modèle mutuel, car les consommateurs apprécient de plus en plus les entreprises qui font preuve de responsabilité sociale et d’engagement envers la collectivité.
L’ACCAM continue de jouer un rôle central dans la défense des intérêts des assureurs mutuels et dans la promotion de la différence entre les mutuelles. Par le biais de l’éducation, des relations gouvernementales, des possibilités de réseautage et des services aux membres, l’association veille à ce que l’assurance mutuelle demeure une option solide et viable pour les Canadien.ne.s.
Pour ceux et celles qui souhaitent en savoir plus sur les carrières dans le secteur de l’assurance mutuelle, la visite des membres de l’ACCAM sur le site Web de l’ACCAM www.camic.ca fournit des informations précieuses sur les opportunités au sein de cette industrie unique.
L’histoire de l’assurance mutuelle au Canada est l’histoire de communautés qui se rassemblent pour résoudre des problèmes communs. Depuis ses origines dans les communautés agricoles rurales jusqu’à son rôle actuel d’acteur important dans le paysage national de l’assurance, le modèle mutuel a fait preuve d’une résilience et d’une adaptabilité remarquables.
Ce qui a commencé comme une réponse pratique au manque d’options d’assurance disponibles a évolué en une approche commerciale distincte qui continue d’offrir aux Canadien.ne.s une alternative basée sur la propriété, la démocratie et l’orientation communautaire. Les principes qui ont guidé les fondateurs des premières sociétés d’assurance mutuelle du Canada - coopération, partage des responsabilités et contrôle local - restent pertinents dans le monde financier complexe d’aujourd’hui.
Tournées vers l’avenir, les sociétés d’assurance mutuelle se positionnent pour relever de nouveaux défis tout en restant attachées aux valeurs qui les ont soutenues pendant plus de 175 ans. Grâce aux ressources de leurs membres et à leur force collective, elles continuent d’incarner l’esprit de mutualité qui définit ce secteur unique de l’industrie de l’assurance au Canada.
L’histoire de l’assurance mutuelle au Canada n’est pas un simple récit historique, mais une tradition vivante qui continue d’évoluer et de servir les Canadien.ne.s au XXIe siècle. Elle témoigne du pouvoir durable de l’idée simple selon laquelle des personnes travaillant ensemble peuvent créer des institutions qui répondent à leurs besoins de manière plus efficace que celles conçues en premier lieu pour les besoins de la société.